Changer de vie et “choisir” d’être heureux

Aujour­d’hui, on va par­ler de psy­cholo­gie du bon­heur et d’ex­péri­ence opti­male telle que décrite par Mihaly Csik­szent­mi­ha­lyi, psy­cho­logue hon­grois et auteur d’un livre sur ce thème. Je vous en par­le ici car le fait de choisir d’être libre, autonome et se met­tre à son compte fait par­tie de ces grandes déci­sions que l’on peut pren­dre un jour et qui peu­vent con­tribuer au bon­heur. Mais atten­tion, ce n’est pas la solu­tion à tout. Mihaly nous fait com­pren­dre que pour être heureux, la seule véri­ta­ble méth­ode, c’est de le choisir, tout sim­ple­ment. Vous pour­rez être l’homme le plus riche du monde, avoir la plus belle femme à vos cotés, vivre dans une vil­la mag­nifique et être adulé par un tas de monde… vous n’échap­perez pas aux vicis­si­tudes de la vie: mal­adie, vieil­lesse, coups durs… et puis n’ou­blions pas à quelle vitesse on s’habitue au Luxe et que tout devient terne lorsqu’on ne se pré­mu­nit pas con­tre ce genre de choses…

Mihaly décrit ce choix de la façon suiv­ante: “Le bon­heur n’est pas quelque chose qui arrive à l’improviste ; il n’est pas le résul­tat de la chance ; il ne s’achète pas et ne se com­mande pas ; il ne dépend pas des con­di­tions externes, mais plutôt de la façon dont elles sont inter­prétées. Le bon­heur est une con­di­tion qui doit être pré­parée, cul­tivée et pro­tégée par cha­cun.”

Une des voies pour réus­sir cette trans­for­ma­tion, celle de choisir le bon­heur plutôt que de par­tir con­stam­ment à sa recherche, con­siste à se con­naitre soi-même ! C’est la grande blague du siè­cle dernier : tous les “gourous” de la pen­sée pos­i­tive, de la médi­ta­tion, de la psy­cholo­gie… tout ce qu’on peut cas­er sous l’ap­pel­la­tion “développe­ment de soi”, sur­fent encore aujour­d’hui sur cette vague. Se con­naitre soi-même… vaste sujet en réal­ité. Je ne pré­tend pas de mon coté avoir une réponse à cela — j’ai moi-même longue­ment cher­ché. J’ai fréquen­té des cer­cles ésotériques, j’ai  lu avide­ment une grande par­tie de la lit­téra­ture con­sacrée… Aujour­d’hui, je pense qu’on ne peut appren­dre à se con­naitre que dans l’ac­tion, pas dans un livre, pas dans une som­bre salle en médi­ta­tion avec d’autres chercheurs de vérités, et encore moins en lisant ce bil­let de blog.

Se con­naitre, c’est affron­ter ces deux tyrans que sont la pro­gram­ma­tion biologique, ce proces­sus ances­tral dom­iné par notre ani­mal­ité, et le laquais de la société qu’on nomme par­fois le sur­moi, qui sem­ble ne pou­voir s’é­panouir que dans le regard d’autrui. Ces deux tyrans s’opposeront tou­jours en nous pour pren­dre un max­i­mum de con­trôle. En pren­dre con­science est une chose, y échap­per sem­ble impos­si­ble, tout du moins de façon constante.

Bon, comme je ne veux pas non plus que ce bil­let soit trop long, je vous indique tout de suite une des pistes pro­posées par Mihaly: l’ex­péri­ence opti­male. Je vais en par­ler aujour­d’hui sur ma chaine youtube dans un cadre un peu dif­férent, celui du développe­ment infor­ma­tique. Mais cela peut-être adap­té à toute activ­ité il me semble.

L’expéri­ence opti­male survient quand corps et esprit sont util­isés jusqu’à leurs lim­ites dans un effort volon­taire en vue de réalis­er quelque chose de dif­fi­cile et d’important. La provo­quer, c’est favoris­er le développe­ment de soi. Le sen­ti­ment de maitrise qui se dégage d’une telle expéri­ence s’approche autant que l’on puisse  imag­in­er de ce qu’on appelle le bon­heur. Pour résumer, « la psy­cholo­gie de l’expérience opti­male porte sur le proces­sus de la recherche du
bon­heur par la maitrise de sa vie intérieure ».

Dans un autre ouvrage, « Le principe de Lucifer » d’Howard Bloom, l’auteur nous dit que « l’e­spoir et le con­trôle sont biologique­ment néces­saires au cerveau. Le con­trôle stim­ule l’esprit. Une absence de con­trôle peut paral­yser les capac­ités men­tales, provo­quer des mal­adies, faire dépérir l’individu comme si tout cela était pro­gram­mé géné­tique­ment afin que l’individu qui se sente inutile de reste pas trop longtemps une charge pour la société. ». Là encore, il s’agit de per­cep­tions que nous pou­vons mod­i­fi­er et c’est très impor­tant car cela mod­i­fie la biochimie de notre corps. Ce qu’Howard Bloom nous dit est que le sys­tème immu­ni­taire de quelqu’un qui a un con­trôle sur sa vie est beau­coup plus effi­cace que quelqu’un qui se sent dom­iné ou inutile. La nature sem­ble avoir pro­gram­mé les ani­maux soci­aux que nous sommes pour favoris­er celui qui dis­pose du pou­voir, ne serait-ce qu’en aug­men­tant forte­ment sa libido.

De fait, il y a 2 con­cepts à retenir ici: le con­trôle de sa vie (le plus pos­si­ble, car le con­trôle total est une autre forme de tyran­nie, de la con­science cette fois-ci, et c’est surtout une illu­sion provo­quée par notre égo) est un ingré­di­ent impor­tant — choisir de chang­er de vie, de se met­tre à son compte, tout cela y con­tribue c’est indé­ni­able. Mais si vous allez vivre à Can­cùn pour sirot­er des moji­tos et ten­ter de tra­vailler le moins pos­si­ble par la méth­ode des 4H par semaine, vous risquez vite de déchanter.

Mon con­seil est donc le suiv­ant: ne cherchez pas à gag­n­er de l’ar­gent pour libér­er du temps dans l’e­spoir de trou­ver du plaisir et éventuelle­ment le bon­heur en bout de chemin, car ceci aus­si est une illu­sion. C’est vrai que ces jeunes youtu­bers qui pub­lient des vidéos d’Iles par­a­disi­aques en vous dis­ant qu’ils gag­nent des cen­taines de mil­liers d’eu­ros à ne rien faire, c’est alléchant. Non pas parce que vous êtes un gros paresseux avide d’ar­gent, mais parce que comme beau­coup de monde, et c’est aus­si ce que la société nous vend, vous pensez que si cela n’ap­porte pas le bon­heur, cela y con­tribue forte­ment. En réal­ité, ces gens vivent sur le dos de ceux qui les écoutent… c’est une vieille his­toire, pas très dif­férente de tous ces gourous du développe­ment per­son­nel qui vont vous ven­dre “The Tech­nique” ! On va vous dire que c’est facile, que tout le monde peut le faire… qu’il suf­fit de se lancer, d’y croire. Peut-être avez-vous déjà enten­du par­ler du drop ship­ping ? Je n’es­saye même pas de vous dire que cela ne fonc­tionne pas… à vrai dire, peu importe. Ce que j’es­saye de vous dire, si vous n’en êtes pas déjà con­va­in­cu, c’est que rechercher la sim­plic­ité, c’est s’ex­pos­er à une vie “morne” et sans saveur… comme la vivent ces gens trop for­tunés qui ne font rien d’autre que se regarder le nom­bril. A coté de cela, il y a des gens tout aus­si for­tunés comme Elon Musk, qui vivent leur rêve, aux lim­ites de ce que leur corps et leur esprit  peu­vent pro­duire, et qui doivent juste­ment avoir une vie extra­or­di­naire. Oui, un échec ça fait mal. Mais un absence de réus­sites et d’échecs, c’est aus­si une vie passée à regarder la vie des autres, comme devant un poste de télé à l’in­térieur d’une prison.

Un autre écueil attend aus­si celui qui choisit la facil­ité: l’hé­don­isme ! Dans la bible, on trou­ve le proverbe suiv­ant: “recherche la lib­erté et tu devien­dras esclave des tes désirs, recherche la dis­ci­pline et tu trou­veras la lib­erté”. Loin de moi l’idée de faire l’apolo­gie de la semaine des 100H, mais il y a un juste équili­bre à trou­ver. J’e­spère que vous êtes sur la bonne voie. Pour ma part, je ne me suis jamais sen­ti aus­si bien dans ma vie, et cela ne date pas d’hi­er. C’est une longue con­struc­tion, un choix, longue­ment murit.

Un jour, j’ai décidé de chang­er de vie. J’ai com­pris qu’on n’avait qu’une seule vie — la mort de mon père a été prob­a­ble­ment le déclencheur prin­ci­pal, je lui en suis gré pour cela. Toute sa vie, il a repoussé le bon­heur en se pro­je­tant dans la retraite. Il dis­ait sou­vent, non sans humour: “100 patates, et je file la moitié à toi et ta mère, et moi, je pars vivre sur une ile par­a­disi­aque”. Il jouait régulière­ment au loto, mais n’a jamais gag­né. Toute­fois, il se dis­ait qu’à la retraite il par­ti­rait bien avec un petit voili­er vivre la vie de ses rêves.  Le lende­main de sa retraite, la déprime l’en­vahis­sait. La prise de con­science qu’il lui restait peu de temps ? Non, c’é­tait prob­a­ble­ment le fait que désor­mais il n’avait plus aucune excuse… qu’il pou­vait main­tenant pren­dre sa vie en main. Mais c’est pas facile quand on a bossé toute sa vie ryth­mée par la vie ordi­naire, le Métro Boulot Dodo. Il aurait pu être heureux avant — j’e­spère qu’il l’é­tait en par­tie, à sa façon, même s’il s’en plaig­nait sou­vent. Quelques mois après, avant même de sur­pass­er cette déprime due à ce change­ment bru­tal dans l’ex­is­tence que con­stitue la retraite, il est mort… un can­cer du pan­créas sem­ble t‑il. J’avoue ne pas avoir tout com­pris quand les médecin m’ont asséné le coup. Lui-même ne savait pas, ils m’avaient con­fié le soin de le dire à mon père et ma mère.

Après avoir organ­isé sa mort à son domi­cile, comme il me l’avait tant de fois souhaité (la peur de mourir à l’hôpital était plus grande que tout), après avoir organ­isé ses funérailles à l’église, comme il me sem­blait que tout mem­bre issu de la noblesse se devait de le faire (le tyran social), je suis ren­tré chez moi, puis je suis vite repar­ti —  en voy­age cette fois ci — pour réfléchir… C’est un excel­lent moyen ! Chang­er de rythme de vie quelques temps, chang­er de lieux… tout cela per­met de s’ex­traire du quo­ti­di­en et de mieux analyser sa vie et de faire le point. C’est prob­a­ble­ment le pre­mier con­seil que je pour­rais vous don­ner. Partez ! Lais­sez der­rière tous vos traquas, soucis d quo­ti­di­en… le plus longtemps pos­si­ble. Pour ma part, j’en suis arrivé à la con­clu­sion, il y a une dizaine d’an­nées main­tenant, que je devais être heureux “Main­tenant”. Bon, je ne suis pas riche, je n’ai pas de yacht… je ne peux pas vivre 2 ans sur une ile trop­i­cale… mais bon : 15 jours oui. Et même louer un yacht… Mais le plus impor­tant, c’est de faire ce qui nous plait. Et pour cela, il faut déjà savoir ce qu’on aime faire et ce n’est pas si sim­ple que cela. Pour moi, c’est passé par le fait de me remet­tre à dévelop­per des choses qui m’in­téresse, d’écrire des livres et d’écrire sur un blog. Cela a mis quelques années, mais cela a fini par pay­er. Je peux en vivre main­tenant, et cor­recte­ment. Je peux voy­ager, je peux m’a­cheter du matériel, et je peux louer ce que je ne peux pas acheter… et surtout, je ne fais plus de com­pro­mis avec le bon­heur : “c’est tout de suite et maintenant”.

Et puis, n’ou­blions pas ce con­seil des nuls, car de temps en temps (pas tout le temps, on s’en lasse), c’est sym­pa aussi:

Si vous voulez en savoir plus sur ces activ­ités dites “autoéliques” qui amè­nent à l’ex­péri­ence opti­male, lais­sez moi un com­men­taire, j’y reviendrai dans un autre bil­let ou dans une vidéo.

 

Une réflexion sur “Changer de vie et “choisir” d’être heureux

  1. Lirou dit :

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    Il est super cet article !
    Mer­ci beau­coup Benicourt.

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