Discipline, Volonté et Liberté

« Recherchez la lib­erté, et vous devien­drez esclaves de vos désirs. Recherchez la dis­ci­pline, et vous trou­verez la lib­erté » (Koan Zen).

Tout est résumé dans cette phrase, mais en avoir con­science ne suf­fit pas, ce n’est que la pre­mière étape. Ce Koan ne livre pas la méthodolo­gie, et allez trou­ver un vieux sage pour vous aider à trou­ver le chemin !

Ces derniers jours, je me suis lais­sé aller à ne suiv­re aucune règle, et le chaos s’installe rapi­de­ment… La mal bouffe, les séries TV, les émis­sions poli­tiques pour enrager… se lever plus tard… dormir mal, ne pas faire d’ex­er­ci­ce… ne pas faire le ménage… la vais­selle qui s’in­stalle durable­ment dans l’évi­er. En 3 ou 4 jours, je n’ar­rive même plus à boss­er !  Mais tout n’a pas com­mencé il y a 3 ou 4 jours… tout cela s’est pro­duit de façon beau­coup plus sournoise… cela a pris des semaines, voire des mois.

En vérité, la vie que je vis est superbe, je l’aime, mais elle ne tient que par l’ex­is­tence de cer­taines règles. Et il suf­fit d’un ou deux écarts pour que l’édifice s’écroule – mais ce n’est pas immé­di­at. Car ce dernier est à l’image d’un château fort: chaque pierre, c’est de volon­té pure. Mais le tout tient grâce à des fon­da­tions, ce sont les règles que l’on suit pour attein­dre un objec­tif. Quand on com­mence à touch­er à ces fon­da­tions, c’est tout l’édifice qu’on met en péril. Les murs se lézardent douce­ment… au début c’est imper­cep­ti­ble. Puis on com­mence à voir des fis­sures… puis des fenêtres ou des portes ne s’ouvrent plus… Et rapi­de­ment ce sont des par­ties du bâti­ments qui com­men­cent à tomber, avant d’entraîner la total­ité de l’œuvre dans un gouffre.

Au début, quand on com­mence à vio­l­er les règles, on en n’a pas vrai­ment con­science du dan­ger car on se dit que c’est excep­tion­nel puis tout douce­ment l’exceptionnel devient la norme. Et quand on prend con­science du prob­lème, il est générale­ment trop tard. Car de la volon­té, on en a en quan­tité lim­itée, même si la source ne se tar­it jamais.

« Chas­sez le naturel, il revient au galop » (Horace): oui, c’est la ten­dance, mais cela ne veut pas dire qu’on ne peut rien y faire. Cela veut juste indi­quer qu’il faut en être con­scient pour ne pas baiss­er sa garde, car c’est le talon d’Achille de la volon­té.

C’est dans les fon­da­tions mêmes de ces règles qu’il faut prévoir ces écarts – ou pas. Les alcooliques le savent, les drogués égale­ment. Cela s’applique au cas par cas, et avec l’expérience. Je peux vous dire que, par exem­ple, pour un régime ali­men­taire — en tous cas pour moi – l’écart est le point de départ de l’échec. Cela ne veut pas dire que je ne peux pas per­dre de poids, cela sig­ni­fie juste que si je me suis fixé un objec­tif et que fais un écart en cours de route, je n’aurais atteint qu’une par­tie de mes objec­tifs. En plus, la cul­pa­bil­ité, le naturel… tout va faire en sorte qu’il va être encore plus dif­fi­cile de ne pas reprendre.

Les règles sont utiles pour ten­ter de met­tre en place un habi­tude. Tant qu’on les respecte, les choses devi­en­nent plus faciles avec le temps. Et peut-être que si on y arrive suff­isam­ment longtemps, cela finit par devenir « notre naturel ». Mais c’est dif­fi­cile à dire, car cela prend telle­ment de temps qu’on ne sait plus finale­ment par la suite si au fond de nous, tout cela n’était pas déjà latent, au fond de nous.

Si je me fixe une règle pour me lever à telle heure, pour tra­vailler de telle heure à une autre… ce qui est fort utile pour un indépen­dant, car il n’y a per­son­ne d’autre que nous pour nous met­tre sur la voie du tra­vail… il faut égale­ment prévoir des jours pour déten­dre ces règles. C’est par exem­ple le dimanche… où l’on ne se force pas à faire les choses comme les autres jours. Et je ne dis pas cela pour le régime, car cela fait par­tie des règles à ne pas vio­l­er. Mais on peut se lever plus tard, ne tra­vailler que ce dont on a envie, ou pass­er sa journée à lire ! C’est d’ailleurs essen­tiel, car c’est un moment où la volon­té peut se recharg­er. Si on puise dedans chaque jour, il est pos­si­ble que débit soit insuff­isant car on a épuisé nos réserves. Se relâch­er, c’est revenir à un état où où prend plaisir aux choses… mais seule­ment si c’est lim­ité dans la durée. On appelle cela le week-end, les vacances… ou son quart d’heure “pause café” 😉

Alors évidem­ment, il ne faut pas s’imposer trop de choses en même temps vous l’aurez com­pris. Il faut voir ce qui est essen­tiel dans un pre­mier temps, met­tre en place les 3–4 règles essen­tielles qui peu­vent chang­er votre vie. Et puis, pro­gres­sive­ment, quand on sent que c’est moins dur… et pas au bout de 15 jours. On ajoute un nou­v­el élé­ment, puis un autre — tout en restant très vig­i­lant les autres.

Je crois qu’il est essen­tiel d’écrire ces règles. C’est un pacte que nous signons avec nous-même. Un engage­ment que l’on prend sur la durée. Cer­tains affir­ment qu’il faut partager ces règles avec les autres . Oui, mais quand on n’a pas le choix, comme si on souhaite arrêter l’alcool – il est préférable que les copains ne nous sol­lici­tent pas à tout bout de champ. Mais pas comme une béquille à la volon­té, car cela sera pire si on com­mence à se cacher pour enfrein­dre les règles. On pour­rait même finir dans le déni façon Nor­man Bates !

Pour con­clure, échouer n’est pas la fin du monde. Mais cela reste un échec. Je ne dis pas que c’est bien d’enfreindre les règles et de tomber en chemin… Si c’est grave. Car la prochaine fois, on aura encore moins de volon­té – qu’il sera super dif­fi­cile de repren­dre ! Et si cela venait à se répèter, on fini­rait par inté­gr­er dans notre sys­tème de croy­ance qu’on est trop faible pour y arriv­er. Quand on échoue, il faut repér­er exacte­ment ce qui s’est pro­duit et en avoir bien con­science la prochaine fois qu’on établi une règle et qu’on reprend l’aven­ture. Peut-être peut-on prévoir l’exception… peut-être faut-il être plus vig­i­lant dans cer­taines sit­u­a­tions. Pour ma part, j’ai ten­dance à être indul­gent avec moi quand il m’ar­rive des merdes. Pas la pre­mière, ni la sec­onde… mais quand je com­mence à en pren­dre un peu trop dans la gueule… je me dis que j’ai le droit à un peu de récon­fort, que c’est nor­mal, que j’en ai trop bavé… Et voilà, le ser­pent a réus­si son tra­vail ! Et plutôt que de me sen­tir mieux… ce qui est vrai sur l’in­stant… vous con­nais­sez la suite !

Mais en tous cas, si cela nous a apporté plus de posi­tif que de négatif, alors c’est que ce sont de bonnes règles – et il est peut-être bien de les envis­ager sur une péri­ode … renou­ve­lable en cas de réus­site, mais sans vouloir trop aller aux extrêmes au début. Ain­si, on ren­force sa con­fi­ance en soi, et on réus­sit quelque choses, voir plusieurs choses, même si l’objectif final n’est pas atteint. Et ça, c’est le plus impor­tant : tou­jours avancer un peu plus qu’on ne recule… c’est ain­si qu’on peut faire un bon bout de chemin. Et ne perdez pas de vue qu’une bonne règle l’est durant une péri­ode don­née, mais qu’il faut aus­si savoir les remet­tre en ques­tion — si vous faites un régime et que le gens que vous croisez sur­saut­ent en regar­dant les batons qui sor­tent de votre short, c’est qu’il est temps de met­tre en place d’autres règles (en vérité, il aurait fal­lu le faire bien avant, mais mieux vaut tard que jamais). Toute­fois, ne remet­tez pas en ques­tion ces règles tant que vous n’avez pas atteint vos objec­tifs — sauf si les résul­tats espérés n’ar­rivent pas bien évidem­ment. Bref, restez con­nec­tés, ne débranchez pas votre cerveau !

Laisser un commentaire Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.