Aujourd’hui, je te propose de parler d’économie de la connaissance, une nouvelle façon de considérer l’économie, et qui donne naissance à un modèle un peu particulier: la possibilité d’une croissance infinie, dans un monde matériel fini. Produire de la connaissance, la diffuser, est au cœur du métier d’info-preneur. Quelles sont les limites de ce système ? En quoi cela vient-il en superposition de notre économie actuelle, basée sur l’échange de biens et les services. Ce ce que je te propose de voir ci-après, en basant mon argumentation sur les conférences d’Idriss Aberkane, personnage haut en couleurs, mais qui a le mérite de s’adresser à nous en nous faisant réfléchir.
Pour ceux qui préfèrent le texte, voici la transcription de la vidéo:
Aujourd’hui, notre économie a été bâtie sur le modèle de l’échange de biens et de services. Bien entendu, nous utilisons la monnaie comme support. Quand nous vendons un bien, il ne nous appartient plus. Et pour fabriquer un bien, cela demande des ressources. Elles sont soit renouvelables, c’est à dire que notre monde en produit constamment, soit finies.
Des ressources comme le pétrole sont qualifiées de « non-renouvelables », car il a fallu des circonstances très particulières pour qu’elles se forment, et cela a pris tellement de millions d’années, qu’une fois consommé, on considère qu’on ne les trouvera plus sur la planète. C’est le cas de beaucoup de ressources, comme les terres dites rares qui sont au coeur de la fabrication de nos ordinateurs, notamment les batteries. Et le service : c’est un peu pareil – elle est basée sur un temps de travail. Un salarié vend ses bras à son entreprise, sa monnaie à lui, c’est son temps. Et du temps, il n’en a qu’en quantité limitée.
Notre économie est basée sur la croissance – même notre monnaie d’ailleurs. Aujourd’hui, la création de la monnaie provient principalement du crédit. Cette monnaie est détruite lorsqu’on rembourse chaque échéance d’un emprunt. Mais il faut non seulement rembourser le capital, mais aussi les intérêts. Et pour rembourser ces intérêts, il faut de la monnaie, qui sera elle-même créée dans l’économie par d’autres emprunts, etc. — Un cycle sans fin.
Pour qu’une économie puisse croitre, il faut toujours vendre plus… ça veut dire plus de consommateurs, plus de pouvoir d’achat, etc. Ça tombe bien, le monde est de plus en plus peuplé ! Le frein à cette consommation, c’est que l’argent se concentre dans les mains d’une minorité aujourd’hui. C’est vrai à l’échelle des pays, mais aussi à l’échelle des individus.
Bref, on cherche des solutions sans changer de modèle. Même les altermondialistes ont tendance à recycler ce modèle en proposant la voie de la décroissance – d’une certain façon, ils corroborent le modèle en disant « changeons de paradigme » : « On est pas plus heureux dans les pays qui cherchent la croissance économique, revenons aux valeurs fondamentales, etc. ». D’autres, pensent qu’il faut changer d’indicateur : le PIB (Produit Intérieur Brut) ne reflétant pas le bonheur de l’individu, parlons alors de BIB (Bonheur Intérieur Brut). Je ne vais pas vous parler de ces modèles, ni tenter de défendre l’ancien.
Le sujet de cette vidéo, c’est de proposer de révolutionner notre conception de l’économie. Et même si cela peut paraître idiot dans un premier temps, rappelons nous que toute révolution passe par 3 phases : on la considère comme ridicule dans un premier temps (le droit de vote des femmes par ex), ensuite, on trouve l’idée dangereuse, et enfin… on dit que c’était évident !
Imaginons une nouvelle approche :
- Et si on basait notre nouvelle économie sur une ressource infinie ?
- Et si le pouvoir d’achat d’un chômeur était plus important que celui d’un salarié ?
- Et si notre ressource se démultipliait au contact d’une autre, sous la forme d’1+1>2
- Et si quand je donnais ma ressource, je pouvais également la conserver en même temps ?
Ce modèle économique existe déjà, il est juste sous-évalué, mais il se développe à grand pas, il s’agit de l’économie de la connaissance – en utilisant la connaissance comme moteur principal de l’économie:
- La connaissance est infinie : à l’heure actuelle, on produit la quantité d’informations que l’humanité a produite depuis le commencement en 7 ans… je ne parle pas de qualité, mais de quantité ! Ce chiffre va en s’accélérant. On n’a jamais autant produit d’information qu’aujourd’hui.
- Un chômeur dispose de plus de temps qu’un salarié (à condition qu’il ne passe pas son temps à chercher un emploi comme le veut …). Petite blague d’Idriss en passant ; Aux USA, ils ont Steve Jobs, nous, en France, nous avons Pole Emploi. Ce temps peut être utilisé pour consommer de la connaissance, en échanger, en produire de nouvelles.
- Quand on prend 2 connaissances et qu’on les assemble, on créé souvent une troisième connaissance ex-nihilo. 1+1 = 3. Le partage permet même de multiplier.
- Et enfin, quand je donne une information, je la conserve en même temps.
Bagdad était plus riche à une époque où elle délivrait une information qu’on n’avait pas ailleurs (notamment sur la navigation et les cartes), qu’aujourd’hui où elle base son économie sur le pétrole.
La démonstration étant faite, on remarque qu’une partie de notre économie est basée sur cela. Il est donc possible d’obtenir une croissance infinie basée sur la connaissance. Reste toujours le fait qu’on ne se nourrit pas exclusivement de connaissances, et qu’un monde « fini » où la population ne cesse de croître, ne peut pas en théorie se développer à l’infini.
Il y a des exemples comme cela, où certaines espèces n’ayant plus de prédateurs, ont fini par éliminer tout ce qui les nourrissait en se développant, jusqu’à l’extinction.
Si un économie basée essentiellement sur la connaissance peut se développer à l’infini, il reste qu’elle ne peut se développer uniquement sur la connaissance. Il y a donc d’autres problèmes à régler. Mais le fait de penser que dans un monde fini, la croissance infinie est impossible n’est peut-être pas une réalité objective. Et qu’on ne va pas nécessairement devoir faire un retour à la Terre et remonter dans les arbres.
La présentation d’Aberkane se concentre sur la connaissance et n’aborde pas ces autres aspects. Simplement, elle va plus loin sur la connaissance même.
Le monde produit chaque jour plus de connaissances que notre capacité à la livrer. Et il semble difficile aujourd’hui de trouver une solution à cela.
Si on peut échanger 1 Kg de blé des milliards de fois par seconde sur un marché boursier, acquérir une connaissance prend du temps. Internet a permis la transmission de cette connaissance de façon quasi instantanée et quasi-illimitée, mais reste qu’il ne suffit pas de recevoir un billet de blog sur se messagerie pour en acquérir le contenu : il faut prendre le temps de le lire, être suffisamment concentré, et probablement un peu de temps pour digérer l’information. Et par dessus tout, avoir envie !
Cela rejoint un peu ma vidéo sur l’utilisation du jeu dans l’apprentissage. Car le jeu semble être le meilleur vecteur d’acquisition de compétence. Le jeu est un aspirateur à attention. Je vous renvoie à cette vidéo.
Aujourd’hui, notre système éducatif est basé sur le « Gavage ». C’est l’image du restau à volonté où vous payer sur ce que vous n’avez pas mangé ! L’école « sanctionne » les élèves par une note, non pas sur ce qu’ils font de la connaissance, ou de la masse de connaissance horizontale, croisée qu’ils ont pu acquérir, mais sur l’existence d’un programme contenant un nombre fini d’informations, et sur le fait qu’on n’ait pas rentenu ou compris l’une de ces informations.
Cela ne prend en compte ni l’envie, ni la créativité, ni la richesse d’une réflexion basée sur la curiosité, la recherche d’informations en dehors « du cursus »… voir même « en dehors du programme » établi.
Voilà, je n’ai pas le temps d’aborder tous les thèmes. Idriss est une sorte de « show-man ». Certains le qualifient de gourou – après c’est selon comme les gens réagissent. La presse, mais aussi les gens en général, cherchent des « modèles », voir des gourous. Aberkane utilise beaucoup d’exemples et d’images frappantes. Elles ne sont pas toujours 100 % vraies, mais il faut le prendre comme un exemple parmi d’autres. C’est vrai que si on boit tout ce qu’il dit, c’est plutôt dangereux. Lui défend un point de vue et tous les exemples qu’il utilise sont orientés vers ce but.
Il parle également de la Blue Economy, du fait que le plus grand pourvoyeur de connaissance est la nature. Qu’elle est encore plus hightech que nous… j’ai bien envie d’y consacrer une vidéo d’ailleurs…
Après il y a des histoires sur le fait qu’il soit enseignant-chercheur ou juste enseignant, sur ses diplômes et sur les universités fréquentées… Personnellement, je m’en fou. Une information n’a pour moi pas plus de légitimité dite par un Prix Nobel ou par un Quidam. J’utilise le principe du doute, et le fait que ce que je considère comme vrai aujourd’hui, sera peut-être faux demain – ou l’est peut-être déjà ! Bref, l’intelligence ne se nourrit pas de réponses, mais de questions. Bref, ce qui est important, c’est que ses conférences (assez répétitives si vous en regardez plusieurs) m’amènent à réfléchir… donc le contrat est rempli.