En cette période de confinement, j’en profite pour vous partager une pensée, un pratique… ou plutôt un mélange des deux. Dans le jardin, j’aime couper… J’aime tailler ce qui est mort, ce qui peine à pousser et qui va mourir, pour donner une forme à la plante, la soulager de la pesanteur et la rééquilibrer, pour conserver intact les chemins, pour favoriser les fruits, les fleurs, etc. C’est un peu comme un moment de méditation où on oublie tout, où l’on oublie soi-même surtout ! Il faut être attentif, observateur, précis dans son geste.
Dans mon esprit, tailler, c’est comme dire “je m’allège de tout ce qui ne va pas”. Et je ne parle pas de psychothérapie et de confinement. J’ai une vie amusante, qui me plait et je n’ai pas plus de soucis que la moyenne. Peut-être moins d’ailleurs grâce à mes choix de vie. C’est plutôt comme un art martial, qui sert à affiner son esprit comme la lame d’un sabre. Les arts martiaux, en plus d’endurcir le corps et le rendre souple et tout un tas de choses, forgent l’esprit également. Il s’agit d’atteindre une certaine paix de l’âme, mais pas seulement. Il s’agit de maitriser le pouvoir de l’Iron Will, la volonté de fer. Quand on atteint une certaine discipline, qu’on peut associer le pouvoir de la volonté à ses projets, alors je pense qu’on n’a aucune limite !
Tailler, c’est se forger sa vie comme on l’entend (on dirait le propos d’une prostituée). Et je ne parle plus de jardinage, quoi que lorsque Voltaire disait “il faut cultiver son jardin”, il ne parlait probablement pas d’aller tailler les rosiers.
Quand je taille, je coupe certaines mauvaises habitudes qui me font mourir au sens de celui que je veux devenir. J’oriente d’autres habitudes pour aller dans le sens que je souhaite. C’est un travail constant, quotidien, où il faut être attentif. Il faut apprendre à tourner “son œil intérieur” vers soi, s’observer comme le ferait un observateur neutre.
Il faut prendre en compte sa part d’animalité, ne pas se contenter de penser que le “Je qui pense” est le seul maitre à bord. Nous avons tous nos démons : nous pouvons les ignorer et les subir de plein fouet. Nous pouvons les combattre et disséminer nos forces, en sachant que le jour où l’on sera plus faible, cette armée reviendra à la charge. Où nous pouvons accepter cet état de fait, les museler de temps en temps et utiliser leur force quand cela est nécessaire — lâcher un peu de lest quoi !
Sur la table d’Émeraude d’Hermès Trismégiste, on peut lire “Ce qui est en haut est comme ce qui est bas”. ET voici comment je l’entends de mon côté : ce qu’on fait à l’extérieur a des conséquences à l’intérieur et vice et versa. C’est pour ça qu’on dit “change-toi toi-même et tu changeras le monde, mais ne cherche pas à faire l’inverse”.
Même si je suis assez pessimiste sur le fait qu’on puisse changer, à moins de le vouloir vraiment, je pense qu’on peut tous progresser à son niveau. C’est un chemin ardu, peuplé d’épines, mais avec le sécateur de notre esprit, nous pouvons tracer notre propre route. Alors si on doit tirer parti de ce confinement, c’est peut-être en travaillant sur nous-même. Car a priori, il va falloir s’armer de patience.