Dans l’art de la guerre, Sun Tzu disait que « Celui qui n’a pas d’objectifs ne risque pas de les atteindre. » La plupart des approches de développement personnel vont nous apprendre à définir des objectifs à court, moyen et long terme. On nous dit qu’il faut les décrire de façon précise, quantifiée et temporalisée (pour mesurer la progression), à la fois réaliste et motivante (méthode SMART). On nous apprend à distinguer les objectifs personnels, professionnels, familiaux.
Oui, mais on oublie souvent de nous dire que le plus difficile, c’est de voir “la vérité” derrière l’artifice. Souvent, nous expliquons à postériori nos actes par un raisonnement logique alors nous n’en connaissons pas l’origine. Le désir, la pulsion, les fantasmes… sont autant d’obstacles à la définition de nos objectifs — et pourtant, ils sont à la source même de notre motivation.
Plus simplement, ce que j’essaye de vous dire, c’est qu’on veut souvent des choses en croyant que cela sera bon pour nous, que ce sera top quand on les aura, qu’on vivra mieux ensuite, alors qu’en réalité… tout cela n’est que fantasme ! C’est un doux rêve, mais dont on ne veut même pas qu’il se réalise en réalité. C’est une histoire qu’on a commencé à se raconter un jour, et qui a pris de la valeur à chacune de nos pensées. Et pourtant, quelque chose en nous sait que ce n’est pas ce qu’on souhaite réellement, que cela ne nous correspond pas, que c’est juste là pour embellir notre quotidien. Et c’est dangereux !
Comment passer au-delà de cette barrière créée par l’esprit ?
Ouvrir les yeux est très difficile, et il faut accepter de souffrir dans un premier temps.Et quand on dit cela, on perd déjà plus de la moitié de l’auditoire.
Et- si je vous dit que la plupart de vos rêves d’enfant, de vos rêves d’adultes, de vos projets d’achat ou de départ à la retraite sont des chimères ? Imaginez un seul instant que ce que je vous dit est vrai… dans ce cas, rien ne pourra donner de la couleur à votre quotidien… tout espoir d’une vie meilleure est anéanti. Vous ne pouvez pas accepter cela. Et pourtant, c’est la première étape — mais encore faut-il le comprendre et l’accepter. C’est la première étape avant de se fixer d’autres objectifs, plus viables en quelque sorte.
Comment déterminer que nos rêves sont des chimères, même s’il est possible de les atteindre ? Je passe le premier filtre qui est de définir des objectifs “réalistes”, c’est à dire que vous penser qu’il vous sera capable de les atteindre.
Vous devez visualiser quelle sera votre vie au moment où vous aurez atteint ces objectifs. Déroulez tout cela dans votre tête ou par écrit. Vivez une journée “parfaite” et demandez-vous si vous supporterez longtemps cette vie ? Faites des variations, mais acceptez aussi les conséquences, le corolaire d’une telle vie. Il y a toujours une contrepartie à toute chose: un homme d’affaire passe son temps à travailler (quoi qu’on en dise…), un voyageur perpétuel n’a pas d’attaches, un super héro risque sa vie chaque jour, un chercheur passe le plus clair de son temps à chercher… mais aussi à pondre des articles pour obtenir des subventions, etc. Si cette visualisation ne vous procure par un plaisir important, si quelque chose vous gêne, c’est qu’en réalité, il y a autre chose de caché. Peut-être une peur, peut-être un désir non avoué…
Ce que les gens veulent
Le marketing a bien cerné les besoins fondamentaux des gens au travers de la pyramide de Maslow. Je ne vais pas les énumérer ici.
Je vais me contenter d’un exemple. La plupart des hommes pensent qu’en devenant riches, ils seront plus heureux, car libres de faire un tas de choses qu’ils ne peuvent pas faire aujourd’hui. Par exemple: faire du jet ski, partir siroter un mojito dans les caraïbes, avoir un voilier et faire le tour des iles au large de panama city, trouver une femme plus jeune et lui faire l’amour toute la journée, etc. Et quand ils deviennent riches… au début, oui, tout est super. On fait tout ce qu’on avait envie de faire ou presque, on achète ce qu’il nous manquait… et puis… on s’habitue à ce qu’on a. Le fait de pouvoir avoir “une chose à volonté” fait qu’on s’en lasse. On finit même par continuer à le faire en éprouvant un certain dégout. C’est devenu une habitude.. ou pire, une drogue. Pensez à ce cher Rocco Siffredi qui a finit par devenir esclave de son désir au point d’attraper n’importe quelle prostituée en bord de route, sale, vieille, grosse… peu importe… Pensez-vous qu’il est heureux d’être devenu l’esclave de son désir ? Je vais aux extrêmes, mais c’est pour dire que si on se trompe d’objectif, on obtient pas le bonheur souhaité et en plus, on se trompe de moyens pour y parvenir !
En fait, la plupart des hommes n’ont pas besoin d’être riches. Ils ont juste besoin de se sentir plus libres, d’avoir le choix de pouvoir faire ce qui leur donne envie, de se sentir importants par certains cotés, respectés, de vivre un amour véritable ponctué d’érotisme, de vivre de façon plus harmonieuse avec leur environnement, mais aussi en eux-mêmes. Il ont besoin de se sentir à l’abri, de pouvoir faire plaisir à leurs proches… Tout cela ne nécessite pas d’être riche, et par certains cotés, c’est même un frein.
Pour ma part, j’aime beaucoup la mer… vivre près d’une plage est un projet que j’ai depuis longtemps. Pouvoir chaque matin sortir, les pieds dans la sable, longer la plage, sentir les embruns… le vent qui souffle et me vide l’esprit. Alors, je pensais que le mieux pour moi serait un jour d’acheter une villa en bord de mer. C’est un budget conséquent… même si on peut trouver des pays plus accessibles que la France pour cela. Et de plus belles plages également. Mais est-ce que j’ai vraiment besoin de cela tout le temps ? En réalité, j’ai d’autres besoins antagonistes: j’aime le coté bouillonnant intellectuellement de certaines villes, j’aime le froid et la neige… j’aime le sentiment d’être au milieu d’une jungle tropicale… Vivre toute l’année à la plage… probablement que je finirais par ne plus apprécier ces moments au bord de l’eau. Non, j’ai besoin de pouvoir passer quelques semaines par an près de la mer. Et c’est loin d’être le même tarif, ni les mêmes contraintes que d’acheter une villa en bord de mer. Bon, on peut résoudre cela en se disant, c’est pas grave, il faut être assez riche pour avoir une villa en bord de mer et d’autres maisons ailleurs (c’est le coté gros capitaliste qui parle). Oui, mais le changement c’est bien aussi, et ne pas posséder, c’est aussi s’alléger à un tas de niveau (la peur d’être squatté, cambriolé, d’un incendie ou d’une tempête, d’un dégât des eaux, etc.).
Vous comprenez ce que je tente de vous dire ? Le plaisir avant tout — qu’est-ce qui nous rend réellement heureux. La maison n’était pas un objectif, c’était le moyen que j’imaginais pour cela. Et donc, j’ai besoin de beaucoup d’argent que je ne le pensais. Et c’est vrai pour un tas de choses. Acceptez d’être mortel. Acceptez de ne pas être un mannequin (même si au fond de vous, vous pensez qu’en faisant un max de sport, de chirurgie, en soignant votre nutrition, vous pourriez être au top). Acceptez de ne pas être le plus intelligent. Vous n’avez pas besoin de tout cela. Mais il y a d’autres choses dont vous avez besoin, c’est l’arbre qui cache la forêt. En réalité, vous avez tout plein de besoins cachés, plein de projets et d’objectifs à réaliser — mais vous n’en êtes pas conscients tout simplement. Car nous sommes aveuglés par des rêves qui en fin de compte sont bien pauvres si on les regarde avec le recul suffisant.
En conclusion
Je n’ai pas de méthode à vous soumettre… je n’en connais pas. Peut-être reste t‑elle à inventer. Il faut réussir à déterminer si chacun de vos objectifs est viable, et sinon, d’où vient la motivation sous-jacente que vous ressentez. Il faut voir ce qui se cache sous cet objectif et dérouler le bazar comme autant de poupée gigognes… chacune contenant une nouvelle poupée, jusqu’à la toute dernière, représentant le véritable objectif. Cela se résume le plus souvent sous la forme d’être et de faire, que d’avoir. “Avoir” est souvent un moyen, pas un objectif véritable. Par exemple, qu’est-ce que vous aimeriez avoir fait avant de mourir ? Pour ma part, j’ai déjà dégagé un certain nombre de ces poupées, mais je sais qu’il en reste encore beaucoup. Mais plus je m’approche du concret, mieux j’affute mes objectifs et plus je vis sereinement, prenant de bonnes décisions pour ma vie. La preuve: je suis de plus en plus heureux !