La Formation en France en 2020

Je reçois pas mal de deman­des pour de la for­ma­tion dans mon secteur d’ac­tiv­ité, même si je ne pro­pose rien directe­ment (ou presque). C’est l’a­van­tage d’être un peu con­nu dans son domaine et d’avoir une véri­ta­ble exper­tise à pro­pos­er. C’est un peu dom­mage d’en laiss­er pass­er, mais il s’ag­it bien sou­vent de deman­des spé­ci­fiques qui me deman­deraient un gros tra­vail en amont. C’est fou, en France, on con­fond for­ma­tion et con­sult­ing… J’en dis­cu­tais avec des amis qui ren­con­trent des deman­des sim­i­laires. On n’est pas prêt à pay­er directe­ment pour se for­mer quand on est un par­ti­c­uli­er (on n’in­vestit pas assez sur soi) et quand on est une entre­prise, on essaye de prof­iter des bud­gets for­ma­tions pour faire tra­vailler un con­sul­tant sur son Work­flow, voire résoudre tous les prob­lèmes qu’on a en interne… Et ce, avant même d’avoir cor­recte­ment for­mé ses collaborateurs… 

J’ai même vu pire il y a une dizaine d’an­nées. Je fai­sais une mis­sion de 3 mois dans une boite qui créait des logi­ciels pour l’a­groal­i­men­taire. Les clients de cette boite fai­saient sign­er à leurs salariés, avec la com­plic­ité des con­sul­tants du con­cep­teur du logi­ciel, un papi­er indi­quant qu’ils avaient reçu telle for­ma­tion sur tel logi­ciel… En fait, il fal­lait juste leur mon­tr­er com­ment fonc­tion­nait le logi­ciel dévelop­pé avec l’ar­gent de la for­ma­tion ! Ces gens étaient spoliés de leurs droits à la for­ma­tion — et tout le monde le savait à l’époque ! Je n’ai pas eu à démis­sion­ner, la boite a plié avant… Heureuse­ment oserais-je dire.

En France, nous avons plusieurs dis­posi­tifs de for­ma­tion :

  • l’é­cole, la fac: tant qu’on n’a pas encore tra­vail­lé, elle est peu coûteuse.

  • l’ap­pren­tis­sage, la professionnalisation
  • POEC: La pré­pa­ra­tion opéra­tionnelle à l’emploi col­lec­tive per­met de for­mer des deman­deurs d’emploi sur des métiers sur lesquelles les entre­pris­es ont des dif­fi­cultés à recruter, mise en œuvre sur déci­sion des parte­naires soci­aux d’une branche professionnelle.

  • La Pré­pa­ra­tion opéra­tionnelle à l’emploi (POE) per­met à une entre­prise de béné­fici­er d’une aide finan­cière pour for­mer un deman­deur d’emploi, préal­able­ment à son embauche, ou cer­tains salariés en con­trat aidé.
  • Compte per­son­nel de for­ma­tion (CPF) per­met à tout salarié ou ancien salarié de suiv­re une for­ma­tion admis­si­ble à ce dis­posi­tif. Les sociétés de for­ma­tion doivent avoir déjà deux ans sur une for­ma­tion et cer­ti­fié leur société, dimin­u­ant la réac­tiv­ité des for­ma­tions dans les nou­velles technologies.

  • Pro­jet de tran­si­tion pro­fes­sion­nelle (PTP) per­met à tout salarié (si anci­en­neté) de suiv­re une for­ma­tion de son choix pour se qual­i­fi­er, évoluer ou se reconvertir.
  • VAE — Val­i­da­tion des Acquis de l’Ex­péri­ence :pour faire recon­naître votre expéri­ence en obtenant un diplôme d’É­tat, un titre RNCP ou un cer­ti­fi­cat de qual­i­fi­ca­tion professionnelle.

  • Plan de développe­ment des com­pé­tences de l’en­tre­prise décrit l’ensem­ble des for­ma­tions pro­posées par l’employeur à ses salariés.
  • Recon­ver­sion ou pro­mo­tion par alter­nance vise à favoris­er, par une for­ma­tion en alter­nance, le main­tien dans l’emploi des salariés les moins qualifiés.

  • Vous pou­vez suiv­re vos cours sur site, chez vous ou dans votre entreprise.

Et ce, sans par­ler de l’uni­ver­sité et des autres écoles qui pra­tiquent des tar­ifs, soit sym­bol­iques, soit peu onéreux en com­para­i­son de ce qu’on trou­ve outre-atlantique.

C’est vrai­ment très dif­férent dans les pays anglo-sax­ons où cha­cun mise d’a­van­tage sur lui-même et où on a con­science qu’il vaut mieux acquérir des com­pé­tences le plus rapi­de­ment pos­si­ble plutôt que pass­er un temps fou à mon­ter des dossiers, trou­ver du low cost… Et pass­er 10 fois plus de temps pour en savoir moins finale­ment. C’est peut-être le fait de devoir pay­er si cher pour leur édu­ca­tion… De devoir emprunter en espérant pou­voir trou­ver un tra­vail leur per­me­t­tant de rem­bours­er cet emprunt ? Quelque part, c’est un peu un esprit entre­pre­neur­ial : on prend des risques, on investit.

Chez nous, en France tout du moins, l’é­d­u­ca­tion sem­ble peu chère, mais en réal­ité ça coute un pognon de dingue comme le dirait notre “cher” prési­dent actuel. C’est juste qu’on en a moins con­science, car ce sont nos impôts et les retenues sur le salaire qui per­me­t­tent de financer (si j’ose ajouter… La dette égale­ment). D’une cer­taine façon, je trou­ve que cela nous dére­spon­s­abilise. Je pense notam­ment à tous ces jeunes qui gaspillent des années et l’ar­gent de leurs par­ents (si l’é­d­u­ca­tion n’est pas cher, il y a le loy­er, le matériel, la bouffe, les sor­ties.… Qu’on ne peut pas pay­er car on ne tra­vaille pas encore).

Si ce sujet vous intéresse, je vous pro­pose de vision­ner cette vidéo qui traite de cet aspect:

Franche­ment, je crois que je préfère le mod­èle anglo-sax­on et à plus d’un titre : on vous juge moins sur votre diplôme et plus sur vos com­pé­tences (la notion de cer­ti­fi­ca­tion au delà du diplôme uni­ver­si­taire est plus large­ment recon­nue). Lorsqu’on fait Har­vard, Yale ou Prince­ton, ça coûte un bras, mais au-delà des con­nais­sances, c’est un réseau rela­tion­nel qu’on acquiert. En France, cela dépend plus de là où on est né… On peut être très com­pé­tent, il fau­dra se pros­tituer intel­lectuelle­ment car les finance­ments iront là où se con­cen­tre le pou­voir, pas là où se trou­ve l’ex­cel­lence. C’est vrai un peu partout dans le monde, mais c’est encore plus vrai en France. Et je le dis par expéri­ence, pas en ayant lu quelques livres sur le sujet. Et j’ai pour­tant un mas­ter 2 en admin­is­tra­tion d’en­tre­pris­es (CAAE/IAE), donc je n’ai pas une haine con­tre le sys­tème universitaire.

Qu’en pensez-vous ? Quelle est votre expéri­ence de la for­ma­tion ? Pensez-vous que les diplômes ont encore un sens de nos jours ? Surtout si on prend le fait qu’en 5 ans après le Bac, ce qu’on a appris, est par­fois déjà obsolète… Surtout dans les métiers tech­niques. Et quid de la néces­sité de se for­mer en continu ?

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